JadSeif Nouveau membre
Messages : 11 Date d'inscription : 25/06/2014 Âge : 33
| Sujet: Les révolutionnaires Jeu 3 Juil - 8:42 | |
| Voici une petite nouvelle que j'ai écrite récemment. Je l'ai publiée sur un autre forum, dans lequel j'ai eu des retours positifs. Alors je me risque à vous la faire découvrir, en espérant que ça vous plaira. Ils s'étaient installé au cœur de Tokyo. Ils avaient acheté des chiens, et tous les premiers du mois, leurs chiens les emmenaient pour se faire toiletter. Ils ressortaient la chevelure soyeuse. Pendant qu'on s'occupait des maîtres, les chiens ouafouafaient de la pluie, du beau temps et du dernier tirage du loto. Ils étaient tout à fait satisfaits des dernières nouvelles, qui s'annonçaient bonnes et concordaient avec leurs convictions. Il y avait quelques rabat-joies, qui se plaisaient à faire leur lévrier afghan en râlant, ne voyant que le mauvais côté des choses. Mais que peut-on faire à un chien qui rabajoite, sinon lui aboyer de se taire et lui montrer les dents? C'est quand ils revenaient chez eux que les maitres reprenaient le dessus. Pourtant, leur autorité était fragile: leurs châteaux tanguaient. Il fallait veiller à toujours mettre plus de piliers pour que ça tienne, et parfois, même avec tous les piliers du monde, il y en a qui tombaient, suite à quoi les hommes qui en étaient propriétaires perdaient définitivement leur statut d'hommes libres. Ils étaient à la merci de leurs chiens. On s'organisa, on se réunit en secret dans la propriété de Jad Seif parce qu'il était le plus riche d'entre tous, vêtus en geishas. On voulait retrouver la liberté. « - Il nous faut un roi, dit Alexis Corzoma. « - Un roi qui prendrait des mesures pour museler les chiens, ajouta Vladimir Pantor. « - Mais quel roi serait assez puissant pour ça? « - Et surtout, qui nous permettrait de le mettre sur le trône? Personne ne veut d'un roi. « - Les ouvriers, répondit Jad Seif. Ce sont les seuls qui n'ont pas de chiens. Suffit de les convaincre: ils sont très naïfs. » C'est ainsi que Jad Seif écrivit une chanson révolutionnaire, qui devint vite un hymne. Avancez foules, prolétaires Nous allons demander des droits Nous allons demander un roi Un palais, des femmes, des terres. Vous resterez en votre Enfer Et pour nous vous battrez des pieds Nous voulons que vous nous aimiez Enterrons la hache de guerre.
C'est la révolution Poil sous les bras poil au menton Dansons le menuet dansons Foules c'est la révolution.
L'un après l'autre il faut danser Une chenille oh que c'est drôle Puis retourner dedans sa piaule Pour le lendemain travailler. Il faut jouer à l'ouvrier Et servir les grands de ce monde Car comment tournerait l'immonde S'il n'y avait pas d'ouvrier.
La révolution est finie Poil sous les bras poil au kiki Dansons dansons le sirtaki La révolution est finie.
Puis la terre criera terrible Les volcans voudront notre fin Las! tel est le sombre destin Des hommes devenus risibles. Nous élevons des rois de cœur Des villes qui tanguent et nous noient En vain nous élevons la voix Pour ignorer nos peurs.
C'est la révolution Poil sous les bras poil au menton Dansons le menuet dansons Foules c'est la révolution. On prit les fourches, les torches et les godemichés, on chassa les chiens hors de chez eux, et sur le trône, on installa Thomas Hobbes qui durant les premières années de son règne dirigea le pays d'une main de fer. Un jour où l'autre, les chiens reviendront reprendre le pouvoir. Ou peut-être que le danger vient d'ailleurs. Mais l'avenir de la monarchie nouvellement installée est le cadet de nos soucis. Nous craignons même de contrarier le lecteur, en proposant une littérature trop engagée, qui irait à l'encontre de ses convictions. Alors nous passons à autre chose. Le temps fit son bonhomme de chemin, et Jad Seif, qui au début de sa vie avait connu la prospérité, se trouva sans le sous: il était devenu si tyrannique que pièces et billets de banques s'étaient enfui de chez lui. Sa maison devint de plus en plus fragile, ce qui le condamna à en faire un appartement; puis l'appartement rétrécit, et il se retrouva à la rue. Pour ajouter à son malheur, les médecins lui apprirent qu'il n'avait plus que quelques semaines à vivre: il avait un cancer de l'estomac. Or ce cancer là ne grandissait pas toujours - peut-être était-il bipolaire. Si Jad Seif était depuis condamné à la mortalité, il fut surpris de constater qu'il ne mourait pas. Car le jour où il apprit à chanter du ventre, sa tumeur rétrécit, et toute petite, elle n'était plus dangereuse. Au contraire, même: elle rallongeait sa vie. Il se mit alors à chanter partout, dans le métro, dans la rue, puis dans des cafés-concerts. Ce n'était pas la gloire, mais il fit des rencontres, il se fit de nouveaux amis, il reprit même espoir. Il mourut à 479 ans. |
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Ninigi Je parle beaucoup
Messages : 476 Date d'inscription : 20/12/2013 Âge : 26 Localisation : Tarn
| Sujet: Re: Les révolutionnaires Jeu 3 Juil - 12:40 | |
| C'est assez comique est WTF à la fois, je n'aime pas car c'est pas mon genre mais bonne continuation tout de même.
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